2

 

Dans une clairière, au pied d’un chêne géant qui élançait vers le ciel sa propre forêt de branches et de ramures, vivait l’Ancienne de la forêt. Sa cabane s’appuyait au tronc du colosse qui avait vu défiler des générations d’Anciennes. Car, de mémoire d’homme, il y avait toujours eu une Ancienne dans la forêt. L’Ancienne actuelle était sans âge et ne manquait pas de charme, si bien que les femmes interdisaient à leur mari de la consulter.

On prononçait à son propos le mot de druidesse. Des prêtres l’accusaient de lancer des malédictions. Donc les fidèles couraient la voir, car maudire son voisin était un des passe-temps favoris en Gaule. Et les mêmes prêtres, quand ils la visitaient, la trouvaient en prière devant la croix. Que dire d’elle ? Du bien ou du mal ? On ne savait pas trop. Elle était là. Comme les saisons, comme les menhirs et la lune, comme ce qui avait toujours été là.

— Tu es pâle, Kian. Est-ce que tu souffres beaucoup ?

— Je n’aime pas ce coin de la forêt.

La jument connaissait le chemin. Oiseaux et feuillages fêtaient le mois de juin. Azilis méditait. S’enfoncer dans la forêt, c’était se blottir contre sa mère Olwen. Elle la revoyait amaigrie, suppliant la mort de la délivrer.

Quand elle était tombée malade, on avait fait appel à un médecin de Condate[3] qui avait prescrit pour la malade saignées, ventouses, testicules de sanglier. En vain. Olwen réclamait Rhiannon qui détenait le secret des plantes et des mots magiques. Surmontant sa répugnance, Appius, le père d’Azilis, avait cédé. L’Ancienne de la forêt avait fait son entrée dans la villa avec ses soixante-dix-sept tresses, ses yeux perçants, ses poudres et sa louche accrochée dans le dos. Elle avait examiné le corps affaibli de la maîtresse de maison et avait murmuré : « Désolée, domna, le grignoteur de vie a gagné, tu vas passer le Seuil. » Et, caressant les cheveux cassants, elle avait ajouté avec une douceur infinie : « Mais Rhiannon va t’y préparer. »

Durant ces semaines où sa mère se mourait, la jeune fille avait assisté l’Ancienne qui l’avait prise sous son aile. Elle envoyait Azilis à des cueillettes, lui confiait des préparations. Azilis apprenait vite et bien, compulsant aussi dans la riche bibliothèque de son père des ouvrages de médecine qui pourraient l’aider à soigner sa mère. En vain. Après la mort d’Olwen, Azilis avait continué à fréquenter la guérisseuse. Kian, muselé par des menaces de punitions, était devenu le complice forcé de ces promenades.

Un rai de lumière apparut, traversé d’un filet de fumée. La jeune fille se retourna. L’esclave jetait partout des regards inquiets.

— Ne sois pas ridicule, Kian. Tu viens de tuer trois brigands, de quoi as-tu peur ? Enfin, voyons, depuis le temps que je t’entraîne ici !

— Je n’ai plus mal. Tes cheveux sont mouillés. Tu vas prendre froid. Rentrons.

Azilis haussa les épaules.

Peu avant la clairière, Azilis croisa une petite silhouette qui trottait en se dissimulant sous sa capuche. Elle reconnut Quintus Barbatus, un riche voisin dont les problèmes de vessie étaient notoires. Il pestait sans cesse contre les mauvais chrétiens et les sorcières. « Je te le dis, petite, lui avait-il soufflé un jour, ce sont ces païennes qui ont appelé les barbares en Gaule ! » Quand il trébucha contre une racine avant de couper par le sous-bois, Azilis partit d’un rire franc.

— Ça ne me fait pas rire, moi, fit Kian. Il va te maudire.

— Raison de plus pour aller chez Rhiannon ! Ne tardons pas. Ta blessure m’inquiète.

À la vue du toit de chaume au centre de la clairière, Azilis se sentit enveloppée d’ondes bienfaisantes.

— Rhiannon !

L’esclave sentait ses forces le quitter comme à chaque fois que sa maîtresse l’amenait ici. Rhiannon commandait aux esprits et dialoguait avec les morts. Tout le monde le disait à la villa et Kian le croyait aussi. Rien ne l’effrayait plus que la magie qu’il sentait en ces lieux. Pourquoi Azilis s’entêtait-elle à fréquenter cette sorcière ?

— Elle a l’ouïe fine comme une renarde, fit la jeune fille en mettant pied à terre. Si elle ne répond pas, c’est qu’elle s’est absentée. Viens.

L’esclave se risqua dans la hutte derrière sa maîtresse. Les doigts croisés contre le mauvais sort, il se heurtait à des amulettes suspendues au plafond, dents, touffes de poils, animaux décortiqués. Parfaitement à l’aise, Azilis huma une marmite encore fumante sur une cage de pierre qui servait de foyer.

— Asperge, chiendent, millepertuis ! Décidément ses urines doivent brûler ce pauvre Quintus.

— Tu l’as croisé ? questionna soudain une voix rauque et autoritaire. Le Barbatus, tu l’as croisé ?

Kian sursauta vivement. Rhiannon avait surgi derrière lui sans un bruit. Ses yeux brillants scrutaient la pénombre au milieu d’un fouillis de tresses. L’esclave frémit.

— Oui, dit Azilis avec un sourire. Il courait comme un dératé.

— C’est ennuyeux, ma jolie ! Le Barbatus n’aime pas ta famille. Voyons, voyons, prends ça, oui prends cette dent de lièvre. Garde-la trente jours dans la bourse de cuir que tu portes toujours, et prie aussi Jésus de pardonner au Barbatus. Alors, ce niais, ajouta-t-elle en se tournant vers Kian, que lui arrive-t-il ? Il faut que ce soit grave pour qu’il ose entrer chez moi, hein ?

L’esclave baissa la tête.

— Des voleurs nous ont attaqués, répondit Azilis. Kian a besoin de tes soins.

— Et toi ? demanda l’Ancienne.

Elle eut un rire cristallin.

— Toi tu as filé comme une truite, une belle truite argentée qu’on n’est pas près d’attraper.

— Comment as-tu deviné ? C’est de la magie, murmura Kian.

— De la magie ? La demoiselle a les cheveux couverts de vase, fit-elle avec dédain. Assieds-toi, laisse-moi voir ta blessure. Mais ne te crispe donc pas comme ça ! Hum, c’est tuméfié. Approche, Azilis. Tu vois, ça résiste, les côtes ne sont pas cassées. Peut-être fendues. Je vais préparer un emplâtre de consoude. Regarde bien. C’est qu’après, ce sera à toi de le soigner. Mon garçon, va donc t’asseoir dehors puisque tu n’aimes pas le palais de l’Ancienne de la forêt. Nous allons bavarder entre dames.

Le garde du corps ne se fit pas prier.

— Ce Kian te sera toujours fidèle, petite, je le vois. Ne sois pas dure avec lui. Car viendra le temps où les maîtres auront aussi à affronter un sort contraire.

Azilis détourna le regard. Les paroles de l’Ancienne se gravèrent dans sa mémoire. D’évidence, elles lui promettaient un avenir sombre.

— Inutile de te conseiller la prudence. Aucune force au monde, n’est-ce pas, n’empêchera mademoiselle de se baigner quand l’envie lui en prend ?

— Si, Rhiannon. Toi, tu peux me l’interdire.

Après un silence, Rhiannon répondit avec douceur :

— Je ne t’interdis rien, Azilis, je t’ai confiée depuis longtemps à Dôn[4], la Grande Déesse, notre mère à tous. Tu en sais plus que tu ne crois. Si tu écoutes les signes, tu ne te tromperas pas. Pas plus que l’Ancienne de la forêt, en tout cas.

Azilis laissa les mots résonner au fond de son âme. Ces « signes » qu’évoquait Rhiannon, elle les percevait chaque jour davantage. Peu à peu, grandissait en elle une petite flamme qui éclairait d’une autre façon le monde qui l’entourait. Une autre Azilis naissait et ne demandait qu’à s’affirmer, elle en était certaine.

À sa stupéfaction, comme si elle avait lu dans ses pensées, Rhiannon poursuivit :

— Cette flamme au fond de toi, c’est peut-être moi qui l’ai allumée. Mais c’est une faculté dont tu disposais auparavant. À toi de l’entretenir.

Et comme Azilis la regardait bouche bée :

— Eh oui, Azilis, tu viens d’avoir ta première conversation d’initiée.

Rhiannon se leva et chantonna en triant des herbes :

— Il y a ce qui se voit, il y a ce qui ne se voit pas. Mais l’invisible est.

Azilis, troublée, voulut changer de conversation. D’ailleurs elle doutait de ce qu’elle venait de vivre. Rhiannon ne pouvait avoir pénétré son esprit. Ce devait être une coïncidence.

— Tu me donnes des conseils de prudence, Rhiannon. Mais n’as-tu pas peur pour toi ? Les prêtres ne t’aiment pas. Ils disent que tu bafoues l’Église, que tu pratiques des cultes païens interdits par la loi. Ils pourraient te faire emprisonner.

— Encore cette question ? fit-elle en riant. Tu me l’as déjà posée cent fois ! Peur de quoi ? Tout le pays est venu se faire soigner ici. Et ceux qui implorent les anciens dieux quand Jésus reste sourd à leurs prières sont plus nombreux que tu ne crois. Ta mère elle-même…

— Ce n’est pas pareil, l’interrompit Azilis. Toi tu détiens des secrets druidiques, tu évoques des dieux interdits, tu lances des sortilèges.

Le sourire de Rhiannon s’évanouit.

— Le problème avec les forces noires n’est pas de les appeler, murmura-t-elle gravement, mais de les contrôler. Je te l’ai dit, tu ne sais pas de quoi tu parles. Tu ne connais pas la puissance de certaines formules, de certains rituels. Ne compte pas sur moi pour t’apprendre cette sorte de magie. Tu es trop jeune, tu t’y briserais l’âme. Et je suis trop jeune aussi pour me soucier de transmettre ce savoir-là, même à la plus douée des élèves.

— Je ne comprends pas, Rhiannon. Tu soignes, tu guéris. Pourquoi faire le mal ?

— Rhiannon ne fait pas le mal. Rhiannon passe parfois par la porte des ténèbres parce que les ténèbres nous entourent. Mais les prêtres du Christ ont raison de condamner cette porte. Que leur Dieu me pardonne !

Ses derniers mots étaient presque inaudibles. Elle avait abandonné ses herbes et s’était assise lourdement sur le sol, secouant ses tresses. À cet instant elle parut vieille et misérable à Azilis. La jeune fille ne put supporter cette vue. C’était comme s’il y avait plusieurs Rhiannon et cette sensation la plongea dans un malaise profond. Elle eut envie de lumière. Elle tendit la main à la guérisseuse pour l’aider à se relever.

— Viens, mère. Nous avons un malade et tu m’as recommandé de prendre soin de lui.

Elles rejoignirent Kian assis au soleil. Alors, comme l’Ancienne le lui avait enseigné, Azilis ferma les yeux puis les rouvrit pour fixer un point devant elle, la branche d’un aulne dans le soleil. Elle fit le vide dans son esprit, reprit contact avec chaque partie de son corps, laissa sa respiration ouvrir son cœur et son âme. Et quand elle se sentit prête, le désir de soigner surgit et tout son être se tendit vers ce seul et unique but. Sous l’œil attentif de Rhiannon – mais Azilis avait à peine conscience de sa présence – elle posa l’emplâtre avec des gestes rapides et précis. Elle ne vit pas le sourire de l’Ancienne qui l’admirait avec la fierté du maître satisfait de son élève.

— C’est fini, fit la jeune fille en se redressant.

Elle cilla deux ou trois fois, essuya la sueur qui perlait sur son front en regardant autour d’elle d’un air perdu. Comme toujours quand elle donnait des soins, il lui fallait un moment pour sortir de l’état de transe dans lequel elle s’était plongée.

— Tu guériras vite, Kian, déclara l’Ancienne. Tu es robuste et en bonne santé.

Un cri lui échappa quand Azilis serra le bandage. Rhiannon eut son habituel rire moqueur.

— Fort comme un taureau, rapide comme une fouine et douillet comme un homme ! Ils se croient plus résistants que nous. Ah, je voudrais les voir accoucher ! Allez, debout guerrier, quelques jours de patience et tout ira bien. Je donne un sachet d’herbes à ta maîtresse. Bues en tisane, elles t’aideront à guérir rapidement.

Kian remonta en selle de son mieux, affectant un air détaché. Mais ses regards se tournaient sans cesse vers Azilis. Il l’avait perçue sous un jour nouveau, il avait senti les ondes mystérieuses qui émanaient d’elle lorsqu’elle le soignait. Une crainte superstitieuse s’ajoutait maintenant à la fascination qu’elle exerçait sur lui.

— Merci, Rhiannon, dit Azilis. Je te ferai porter du pain, des fruits et du gibier. Mon frère est allé à la chasse aujourd’hui.

— Pas de viande, petite. Plus je vieillis, moins je la supporte. Mais je n’ai rien contre un bon fromage.

Azilis lui fit un signe de la main, sauta sur sa jument et s’éloigna, suivie de Kian.

« Une initiée ? se répétait-elle. Je serais une initiée ? »

L'épée de la liberté
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